Projets : Classe Écritures : Tanguy Viel

La maison de notre grand-oncle

Clara : L’arrivée

Nous étions enfin arrivées, après six heures de route pluvieuse par cet après-midi de novembre. Les arbres gris volaient dans le vent, les gouttes de pluie s’écrasaient sur le pare-brise, les essuie-glaces ne servaient à rien, j’entendais les valises bringuebaler dans le coffre. J’ai jeté un coup d’œil à la vieille maison en pierre de notre grand-oncle, délabrée. La porte en bois marron lui donnait une allure fantomatique, les volets claquaient contre les parois en pierres. Au moins elle paraissait solide, même si on avait l’impression que le toit pouvait nous tomber sur la tête à tout moment. Nous nous sommes arrêtées devant l’entrée boueuse avec notre petite voiture de location. Je n’étais plus très sûre de savoir si on avait raison d’emménager dans cette maison.

Annie : La maison

Je suis descendue de la voiture qu’on avait louée le temps d’aller dans le centre de la France, le trajet avait duré six heures. Je me suis garée juste devant la maison, j’ai regardé Clara, ma sœur jumelle, avant de fermer la portière, elle était toujours assise à observer la maison… Dehors, c’était la tempête, il pleuvait énormément, le ciel était rempli de nuages noirs. Avec Clara on a pris les bagages dont on avait besoin pour le soir et le lendemain matin. On a laissé le reste dans le coffre et on s’est dépêchées d’entrer. C’était la maison de l’oncle de notre grand-père. On avait décidé d’y emménager, car notre université n'était pas très loin. Nous avons enlevé nos chaussures pleines de boue. La maison était en pierre, sale, avec des toiles d’araignées. Clara a monté les marches de l’escalier en face de la porte d’entrée. Moi, j’ai regardé la cuisine sur la gauche. Vers le salon à droite, il y avait un grand canapé gris. Ensuite il y avait un couloir avec au bout, une porte. Je me suis avancée pour l’ouvrir. À l’intérieur, il y avait des toilettes, un lavabo, un placard suspendu et un petit miroir. Je suis retournée dans l’entrée pour prendre des vêtements secs, dont un gros sweat pour me réchauffer.

Clara : La découverte de l’étage

J’ai monté l’escalier pour découvrir l’étage, les marches de bois craquaient sous mes pas, la rambarde humide glissait sous mes doigts froids et raides. Il faisait froid, même dans la maison. Mes cheveux bruns me tombaient sur le visage, trempés par la pluie. Je suis arrivée dans un couloir sombre orné d’un papier peint jaune et bleu avec des motifs de fleurs à moitié arrachés. J’ai senti une goutte d’eau sur ma main, j’ai sursauté, surprise par ce contact glacé contre ma peau. J’ai continué d’avancer dans le couloir sombre, une légère boule au ventre, et puis mon regard s’est posé sur une porte blanche, neutre, à demi ouverte. Dès que je suis entrée, le froid m’a paralysée de la tête aux pieds, je ne sentais plus le bout de mes doigts. J’ai entendu le tintement des gouttes d’eau contre la vitre sale et fissurée, il y avait vraiment des réparations à faire dans cette maison. J’ai jeté un coup d’œil au plafond. Des fissures dans la peinture entouraient une lumière jaune et clignotante, les murs étaient bleu clair, c’était sûrement une chambre. Un vieux lit trônait en plein milieu de la pièce vide. Je m’apprêtais à ouvrir une deuxième porte mais la poignée grise me colla à la main. Au-dessus il y avait une pancarte en bois qui n’avait pas bien vieilli et sur laquelle était marqué « grenier ». J’ai fait demi-tour et ouvert une autre porte. La pièce était remplie de poussière. Une table en bois qui devait sûrement servir de bureau était adossée à un mur dans le fond de la pièce, le parquet était rouge foncé et très abîmé. Le plafond n’était pas sale mais il n’y avait qu’une petite fenêtre. J’ai essayé de l’ouvrir, mais j’ai manqué de me mettre une écharde dans le doigt. C’est à ce moment-là qu’il m’a semblé entendre des pas. Des pas dans le silence qui règne ici... Dehors, il y a toujours la tempête. La pièce suivante, on dirait une chambre, avec deux lits, des matelas en mauvais état, et une armoire. J’ai très envie de l’ouvrir mais j’ai peur de ce que je vais trouver, je tire sur la poignée, c’est bloqué, je tire plus fort, encore, rien, je donne un coup de pied et j’entends un tintement sur le sol, je baisse les yeux : une clé est tombée, je la ramasse. Elle est toute froide dans mes mains moites, puis je l’enfonce dans la petite serrure rouillée. Ça s’ouvre, je découvre une couche de poussière et... rien, c’est vide.

Annie : Blanc et noir

Au bout d’un moment, j’ai entendu Clara qui est redescendue dans le hall d’entrée. Je lui ai indiqué où elle pouvait se changer, car elle portait encore ses vêtements mouillés. Moi, j’étais déjà dans la cuisine. J’ai posé la glacière sur la table pour en sortir un petit plat de lasagnes surgelées pour deux. Je l’ai mis à chauffer dans le micro-ondes. Je me sentais apaisée, je ne faisais plus trop attention au bruit de la pluie dehors. Clara avait mis son sweat blanc et noir. J’ai tourné la tête vers notre dîner qui chauffait et d’un seul coup, les lampes se sont éteintes, le micro-ondes ne tournait plus… On arrivait encore à voir grâce à la lumière du jour, mais il faisait un peu sombre. J’ai pris dans ma valise une mini lampe-torche qui me servait de porte-clés. Avec Clara, on s’est regardées, elle m’a fait signe de la suivre et on a trouvé le compteur électrique mais je n’étais pas très douée en bricolage. Je lui ai dit que je pouvais peut-être regarder dans les placards pour voir si je trouvais quelque chose qui pourrait nous aider. J’ai fouillé un peu partout, dans les armoires du salon. Je savais que je devais chercher un outil, comme une pince ou un truc dans le même style. En poussant les livres qui étaient dans la plus grande armoire, je suis tombée sur un stylo. Il était à côté d’un livre assez épais, avec une reliure dorée. Le stylo avait attiré mon regard, il était argenté. Je le trouvais vraiment magnifique, alors je ne sais pas pourquoi, j’ai pris le stylo et je suis retournée voir Clara.

Clara : Le début de la dispute

Elle revient avec un stylo argenté. Je ne vois pas en quoi ça va nous servir, je sens la colère monter en moi. Mais pourquoi tout est si compliqué ? Pourquoi je suis si nerveuse ? Pourquoi on a choisi cette maison ? Et puis je n’en ai rien à faire de ce stylo. « À quoi ça va nous servir ?! Pourquoi tu as ramené un stylo ?! »

Annie : Un bout de papier

Je n’ai pas compris pourquoi elle avait commencé à s’énerver. Je sais que ce n’est pas avec un stylo qu’on va rétablir le courant mais j’aimais bien ce stylo. J’ai dit à Clara qu’elle n’avait pas besoin de s’énerver et qu’on pourrait appeler un électricien le lendemain matin. Mais elle, elle a continué à dire :
« Tu n’y connais rien de toute façon  ! J’en ai marre de tout ça ! »
Elle a crié :
« Ton stylo ne nous sert à rien ! »
Elle était sûrement fatiguée, avec tout ce qui se passe. Elle m’a pris le stylo des mains et l’a jeté par terre. Le stylo s’est ouvert en deux. J’ai remarqué qu’il y avait comme un petit bout de papier blanc. Clara était en train de se calmer. Je l’ai ouvert et j’ai lu : « Attention : 0243-5568. » J’ai regardé Clara. Elle m’a pris le papier pour le lire. Elle m’a dit que c’était n’importe quoi et qu’on avait autre chose à faire. Je voyais bien qu’elle ne s’en fichait pas tant que ça mais j’ai replié le bout de papier et l’ai remis à l’intérieur du stylo, que j’ai mis dans ma poche.

Clara : Les événements étranges

Une demi-heure plus tard, j’avais réussi à réparer le compteur électrique. On a fini par manger nos lasagnes, on les avait bien méritées. Il se faisait tard, on a sorti nos sacs de couchage et on les a dépliés dans le salon. Mais je n’arrivais pas à dormir, je repensais en boucle à ce stylo et à ce message inquiétant. Le lendemain matin, Annie m’a laissée dormir. C’était dimanche et nous avions prévu d’installer de nouveaux meubles dans la maison. Nous passons donc la matinée dans le magasin. Nous sommes rentrées avec une grande quantité de meubles à monter. Pour manger le midi, nous sommes allées au restaurant, il pleuvait toujours, nous avons donc mangé à l’intérieur. L’après-midi nous avons commencé par les meubles de la salle et du salon. Au bout d’une heure de travail, nous avons entendu des bruits de pas au niveau de l’escalier. Inquiètes, nous sommes allées voir ce qui se passait. Il n’y avait rien. Nous sommes retournées dans la salle pour monter les meubles. Un peu après nous avons encore entendu des bruits, une porte qui claque, nous sommes aussi allées voir. Il n’y avait toujours rien, c’était sûrement le vent… Nous avons passé le reste de l’après-midi comme ça, en nous inquiétant des bruits étranges qui nous entouraient. Le lundi nous avons passé notre première journée dans cette nouvelle fac ; même si nous étions stressées, tout s’est bien passé. Le mardi, pareil et pour tous les jours de la semaine : le jour, la fac et le soir, les rénovations. Je savais que ça allait être épuisant, mais pas à ce point- là… Et les bruits étranges continuaient de plus en plus toujours. Plus les jours avançaient, plus j’y croyais… à cette histoire de fantôme, j’avais peur à chaque fois que je montais les escaliers, j’avais peur à chaque fois que j’ouvrais une porte, j’avais peur à chaque fois que j’étais seule.

Annie : Par curiosité

Ce matin, je me suis levée avant Clara. Je n’avais pas bien dormi, mais de toute façon je n’arrivais plus à rester couchée. J’ai commencé à prendre mon petit déjeuner. Dehors, il y avait un faible soleil mais il n’est pas resté longtemps. Nous étions jeudi, c’était notre quatrième jour de cours dans notre nouvelle fac. On avait commencé à prendre nos marques.
À la maison on s’est assises une heure sur le canapé, pour se reposer de la semaine qu’on a avait eue, avant de déjeuner. Au début, j’étais sur mon téléphone à regarder les réseaux sociaux, puis par curiosité j’ai commencé à regarder les livres qui se trouvaient dans l’armoire, j’ai lu le résumé de deux petits livres puis j’ai vu un livre avec des reliures dorées. C’est là que j’avais trouvé le stylo argenté, avec le bout de papier à l’intérieur. Je me suis allongée dans le canapé et ai commencé à l’examiner. La couverture était rouge foncé, il n’y avait pas de résumé, même pas de titre. Le livre était fermé avec un cadenas à code. Au début je ne savais pas comment l’ouvrir, mais je n’ai pas reposé le livre dans l’armoire, ce qu’il y avait d’écrit à l’intérieur m’intriguait, je voulais savoir ce qu’il y avait dedans. Tout d’un coup j’ai pensé au petit papier, il y avait des chiffres écrits dessus. J’ai fouillé vite fait dans mes affaires, j’ai pris le stylo, l’ai ouvert en deux et pris le petit papier. Je l’ai déplié, et mis les mêmes chiffres que ceux inscrits sur le cadenas. Le code a fonctionné, le cadenas s’est ouvert. Pendant un moment j’ai finalement hésité à l’ouvrir. Je me suis demandé ce qu’il pouvait y avoir dedans. Sur le papier, il était écrit « Attention », mais je n’arrêtais pas de me demander pourquoi. Au final, je l’ai reposé dans l’armoire car Clara m’appelait pour déjeuner.
Nous n’avions pas cours cet après-midi. Le soleil était revenu. Clara était partie faire des petites courses, pendant que je l’attendais dans un grand parc en forme de cercle, avec beaucoup d’arbres ; certains avec des troncs fins et d’autres avec des troncs plus gros. Des branches hautes et pas trop. Je me suis assise en tailleur sur l’herbe au pied d’un grand chêne. Le parc a été conçu sur des collines avec un sentier autour, en petits cailloux. Au centre, il y a une structure de jeux pour les enfants. La couleur des feuilles des arbres est magnifique. Certaines, tombées près de moi, ont encore des nuances de vert. En face de moi, il y a une femme assise sur un banc en train de lire un livre. J’entends le rire des enfants qui jouent, les pas des passants qui marchent sur le sentier. Comme je commence à m’ennuyer, je regarde les gens qui se promènent. Un jeune homme avec son chien, une femme avec une poussette et un petit garçon d’environ 4 ans agrippé dessus, deux personnes, sûrement un couple, qui courent dans les allées. J’entends la brise qui souffle entre les feuilles, je la sens sur mon visage, elle est fraîche. J’ai regardé mon téléphone, pour voir si Clara m’avait envoyé un message. Puis j’ai entendu sa voix. J’ai tourné la tête et j’ai vu Clara qui marchait vers moi, un sac de courses blanc à la main. Elle s’est assise à ma gauche, près de moi, et a déposé le sac à côté d’elle.

Clara : Le parc

Cet après-midi, il a fait exceptionnellement soleil et nous n’avions pas cours. J’étais donc partie faire des courses, pendant qu’Annie m’attendait dans le parc à côté de chez nous. J’ai pris le nécessaire dans le magasin, et j’ai marché d’un pas pressé vers le parc qui se trouve à peine à cent mètres. J’ai franchi l’entrée marquée par une grande barrière noire et haute. J’avançais sur le petit chemin en cailloux blancs, les arbres s’élevaient dans le ciel jusqu’à ne plus les voir. Vers le milieu du parc il y avait une structure de jeux avec deux balançoires, des barreaux pour s’accrocher, un toboggan, un mur d’escalade, et des bancs pour les parents qui attendaient à côté. Une personne se promenait avec son chien, un berger australien blanc, noir et marron ; des enfants couraient ; des oiseaux chantaient ; des feuilles tombaient. J’ai vu au coin d’un arbre une silhouette que je connaissais, c’était Annie, je l’ai appelée, je me suis avancée vers elle et me suis assise à côté d’elle le temps de refaire mon lacet, j’ai posé le sac de courses sur le côté. Nous avons discuté un moment des choses bizarres qui s’étaient passées dans la maison depuis notre arrivée. Même s’il y avait du soleil, le vent soufflait dans nos cheveux, nous avons décidé de rentrer. Bizarrement, sur la route du retour, j’avais l’impression d’oublier quelque chose. Ça y est, je me souviens, j’ai oublié le sac de courses... !

Annie : Le livre

Après s’être promenées au parc, nous nous sommes installées dans le salon, sur ce fameux canapé gris. J’ai repris le livre, aux couvertures à la couverture rouge foncé. Clara m’a demandé ce qu’était ce livre que je tripotais depuis le midi. Je lui ai répondu que je ne savais pas. Elle s’est rapprochée de moi. Je l’ai regardée, avec le livre fermé entre les mains. Elle m’a regardée moi, ainsi que le livre, avec un peu d’insistance pour me faire comprendre qu’elle attendait que je l’ouvre. J’ai regardé le livre avec un petit moment d’hésitation, et je l’ai ouvert :

Samedi 14 décembre 1932

Aujourd’hui j’ai testé une nouvelle expérience. Elle s’est avérée plutôt positive.
Je crois avoir découvert un nouveau métal.
Pour l’instant je ne suis sûr de rien mais j’ai plusieurs pistes...

J’ai regardé Clara avec un air étonné, elle me regardait aussi, elle avait encore plus l’air l’air encore plus étonné que moi. J’ai tourné la page, il y avait plein de calculs qui décrivaient sûrement la nouvelle expérience dont la personne parlait. Des croquis aussi.

Clara : L’inconnu

Le samedi suivant notre arrivée, nous voulions aller dans le grenier pour l’aménager en une salle de musique. Nous avons monté la petite échelle étroite qui menait au grenier, je tremblais, de peur, de froid... je ne sais pas trop… nous sommes arrivées en haut. J’ai vu un tas de cartons, l’humidité était largement présente. J’ai vu, parmi les cartons, une silhouette. Je me suis approchée pour mieux voir, la boule au ventre, la gorge asséchée. La silhouette s’est levée. Tout d’un coup, c’était comme si le temps s’arrêtait, je pouvais voir chaque détail. Cet homme devait avoir environ 25 ans, j’ai fait un pas en arrière, ma boule au ventre s’agrandissait à chaque seconde, mon rythme cardiaque s’accélérait, je ne sentais plus mon corps… je ne rêvais pas… c’était la réalité… nous avons reculé, les yeux remplis de peur et d’incompréhension, je l’ai regardé de plus près. Il avait les cheveux brun foncé, presque noirs, et décoiffés ; ses yeux marron clair étaient remplis d’inquiétude sûrement parce qu’il avait été découvert ; il était plus grand que nous ; il portait un sweat noir et sale, un jean bleu crasseux aussi, une paire de basket blanches et noires, je me sentais impuissante face à lui… il avançait doucement et son regard changea peu à peu. Il devint sombre, noir, obscur et très inquiétant. Nous redescendons, vite, mon cœur bat à cent à l’heure, mes mains glissent et une angoisse que je n’ai jamais connue auparavant survient d’un coup. Nous sommes arrivées à la porte. Il est près de nous, nous fermons la porte et nous la bloquons avec un meuble, puis nous sortons vite de cette maison… je m’attendais à tout sauf à ça… je ne savais pas quoi faire. Rentrer ? Non, surtout pas … nous nous sommes éloignées de la maison, et Annie a appelé la police. Nous l’avons attendue un quart d’heure, mais cela m’a paru une éternité. Nous sommes revenues à la maison avec les policiers, toujours aussi stressées, Annie était toute pâle, j’avais envie de pleurer, nous sommes rentrées, une ambiance froide régnait dans le silence… La porte du grenier était défoncée, il n’y avait personne. Le livre n’était plus sur la table, il avait dû le prendre, mais pourquoi ? Une petite équipe de policiers s’est mise à sa poursuite…

Annie : Un métal

Je sens sentais que je tremble tremblais, sur le coup je ne savais pas quoi faire. Nous avons mis un meuble devant la porte. Clara est descendue et je l’ai suivie pour ne pas rester toute seule. Je ne savais pas du tout quoi faire puis j’ai finalement pris mon portable et j’ai appelé la police. Je leur ai dit, d’une voix apeurée, qu’il y avait un inconnu, chez nous. Je leur ai donné notre adresse, en leur demandant de venir vite. Ils sont arrivés au bout d’une quinzaine de minutes. Je ne savais pas trop comment réagir. J’ai vu dans le regard de Clara qu’elle était terrifiée. On a indiqué le chemin à deux d’entre eux, pendant que d’autres faisaient le tour de la maison à l’extérieur. Lorsque nous sommes arrivées au grenier, le meuble avec lequel nous avions bloqué la porte avait bougé. La porte était cassée. L’homme n’était plus là. J’ai regardé Clara qui était aussi paniquée que moi. Le talkie-walkie d’un policier s’est allumé. L’homme était dehors et les autres policiers le poursuivaient. Nous sommes redescendues, j’ai remarqué qu’une fenêtre du salon avait été brisée. Je n’arrêtais pas de penser au visage de cet homme et de me demander pourquoi il était là. Finalement les policiers ont réussi à le rattraper. Pendant que certains forçaient l’homme à monter dans la voiture de police, un autre policier nous a tendu un livre. C’était le carnet avec un cadenas, qui parlait d’une nouvelle expérience scientifique. Il nous a dit que l’homme avait ça sur lui et nous a demandé si cela nous appartenait. J’ai hoché la tête et je l’ai pris. Il ajouta qu’ils ouvriraient une enquête. Les policiers repartirent avec l’homme que nous avions découvert dans notre grenier. Nous étions sous le choc. Alors nous sommes rentrées à l’intérieur et nous nous sommes assises sur le canapé, pour nous remettre de nos émotions. Je voyais Clara qui regardait fixement le sol. Je ne sais pas trop à quoi elle pensait… Mais moi je me refaisais la scène qui venait de se passer. Quand une question m’est venue à l’esprit. Pourquoi cet homme avait-il pris ce livre ? J’ai tourné la tête vers ma sœur et lui demandé :
« À ton avis… pourquoi… l’homme l’a pris ? »
Clara a tourné la tête et elle a haussé les épaules. J’ai ouvert le carnet, j’ai tourné quelques pages. Et je suis tombée sur le tableau de tous les atomes. Clara s’est rapprochée de moi pour voir ce qui était écrit sous le tableau des atomes  :
«  J’ai découvert un métal que j’ai nommé B4. »
En dessous, une signature avec notre nom de famille.
Nous nous sommes regardées dans les yeux, aussi étonnées l’une que l’autre.
Nous n’étions pas sûres mais la logique voulait que ce carnet appartienne à notre grand-oncle, car il habitait ici et c’était un grand scientifique.

Un mois plus tard, après avoir parlé plusieurs fois de ce carnet toutes les deux et un peu avec nos parents, nous nous sommes rendu compte que si l’homme l’avait pris, c’était pour se faire passer pour notre grand-oncle et obtenir la célébrité et la richesse.
Nous avons finalement décidé de l’enterrer dans une boîte en métal, d’une part parce que nous ne voulions pas de la célébrité, et d’autre part, parce que dans le carnet de notre grand-oncle, il était marqué que, si on le mélangeait à d’autres atomes, le résultat pouvait devenir dangereux.

Annah et Salomé

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