Projets : Classe Écritures : Charles Robinson

Votre destruction est ma colère

Les épisodes

La catastrophe

Le deuil

La voix de la Terre

Les rescapés

Alice

Je me suis posée sur mon lit, j’ai fermé les yeux. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis souvenue d’un jour où j’étais chez mamie Jeanne. C’était un jour d’été et grâce à mamie Jeanne ce jour allait être le premier où j’allais approcher un cheval. Je crois que sa jument s’appelait Lune, et je n’oublierai jamais l’instant où j’ai posé ma main sur son encolure, en tremblant, sur ses poils si doux et aussi quand j’ai planté mon regard dans le sien. Je pense que ce jour était le plus beau jour de ma vie, et c’est sûrement pour cela qu’à cette heure-ci, je m’efforce de trouver des animaux ayant survécu à la catastrophe.

J’imagine qu’Anne-Laure les auraient laissés derrière elle, tous ces animaux… Je ne comprends même pas pourquoi je repense à elle. Cette fille m’a gâché la vie, et encore aujourd’hui, quelques fois j’ai du mal à marcher.

C’était ma première semaine de terminale et Anne-Laure n’avait pas manqué de m’humilier et me rabaisser. Le jeudi, à la pause déjeuner, Anne-Laure s’était avancée vers moi, avait pris mon sac et était partie. Elle ne m’avait pas juste volé mon sac, elle l’avait ensuite accroché dans un arbre. Cet arbre, duquel je suis tombée en voulant récupérer mon sac. C’était il y a un an, mais l’hôpital, je n’en suis sortie que depuis quelques mois. Je crois qu’aujourd’hui j’essaie de faire ce que Anne-Laure ne ferait pas.

Je repense souvent à ma première rencontre avec James, c’était dans la cour de récréation, en maternelle. Il se faisait frapper par d’autres enfants, et moi, du haut de mes cinq ans, je l’ai défendu. Depuis ce jour, j’ai pris James sous mon aile. Je me demande ce qui serait arrivé si je ne l’avais pas rencontré.

James

— Mmmm… pourquoi me demander quelle personne j’aime le moins sur cette terre, madame. Puisque je vais répondre cela… Je pense que la personne qui m’horripile le plus est mon géniteur. Je vous explique pourquoi lui. En effet c’est très simple c’est qu.... que.... euh excusez-moi je ne sais pas trop si je vais pouvoir vous dire pourquoi car je n’aime absolument pas en parler et je trouve que j’en ai dit bien assez déjà.

— James, surtout, prends ton temps.

— NON NON je pense que je vais pouvoir, c’est bon. Alors mon père est une personne qui est extrêmement stricte et très occupée. Quand j’étais âgé de seulement 10 ans, mon père se disputait énormément avec ma mère et puis un jour, j’en ai eu marre car à chaque fois je n’arrivais pas à dormir puisqu’ils hurlaient. Donc je m’étais levé et j’ai vu…… snif…… snif désolé, c… c’ est trèssssss du… dur de le dire mais bon. Donc j’ai vu du verre explosé éparpillé partout dans le salon et le mur avec un énorme trou et sa main ensanglantée. Puis ma mère était à genoux et elle pleurait et son visage était rouge car elle avait une entaille sur la joue droite et un œil au beurre noir et mon père ressemblait à un animal enragé et la scène se finit quand il alla dans son bureau et nous laissa ranger le salon tout seuls. Je sais qu’il peut être violent mais là c’était le comble et avec moi il est froid et distant et puis j’ai le droit à des punitions si je ne gagne pas une compète ou que je n’ai pas tout le temps 20/20 mais heureusement j’ai Alice qui m’a toujours soutenu dans ce chemin de violence et dur, et qui ne m’a jamais abandonné. Voilà, je suis fier d’avoir réussi à le dire.

— Qui est la dernière personne dont tu sois tombé amoureux ?

— La dernière personne dont je suis tombé amoureux est ma meilleure amie Alice. Au départ ce n’était que de l’amitié mais aussi car on était des bébés et oui je l’ai rencontrée en dernière section de maternelle.

When 1

C’est le seul immeuble qui est resté intact dans la rue, tous les immeubles résidentiels sont tombés en ruine ou, je suppose, tombés dans ces trous mystérieux. Tout de même j’inspectai tout l’appartement de fond en comble pour, je ne sais pas, me rassurer peut-être, et pendant ce temps il y avait Alice qui rangeait les courses machinalement, sûrement à cause du choc. Après mon inspection, je vins l’aider et puis elle tomba car elle s’effondra en pleurs, ce que toute personne normalement constituée aurait fait. Mais moi, à part l’emmener sur le canapé et prendre des mouchoirs et la réconforter, je ne m’effondre pas, je reste vide, mais je sais que cette nuit, je vais pleurer comme une madeleine.

Quand elle fut calmée, on décida de parler de comment on allait faire pour survivre car le réseau téléphonique était coupé et on ne pouvait pas savoir si nos parents respectifs étaient en vie. On a élaboré un plan pour récupérer des affaires dans les magasins qui étaient absolument vides d’êtres humains, comme la ville sûrement.

On alla dans les centres commerciaux de la ville. Pour faire cela, on rentrait dans les centres sans problème puis on regardait où étaient les caméras pour soit les casser soit les bomber avec de la peinture qui restait dans mon appartement de la soirée d’anniversaire de Tom. On en profita aussi pour prendre des vêtements qu’on voulait depuis un bon petit moment mais qui étaient bien trop chers pour nous. On allait dans beaucoup de magasins, de maisons pour récupérer ça.

When 2

C’était insupportable cette voix, cette voix qui essayait encore et encore de s’immiscer dans ma tête. J’ai tenu, longtemps, mais j’ai fini par céder et accepter. Cette voix, elle me disait plutôt fièrement qu’elle se vengeait des Humains. Mais que James et moi, nous étions différents, tout cela durant une longue nuit sans le moindre sommeil. Le lendemain, j’ai tout raconté à James, on a supposé que, aussi folle que cette idée puisse être, ce devait être la voix de la Terre. James m’a dit qu’il fallait agir, alors on est sortis dehors et on a longuement réfléchi. Cette voix… forte, plus forte, plus grave que la dernière fois. J’ai commencé à parler, doucement, en voulant la calmer : « Arrête tout ça, toute cette folie… pour moi… » parce que j’avais compris qu’elle m’aimait bien. Du jour au lendemain, il n’y avait plus de trous, rien. Avec James on a donc décidé de partir à la recherche des survivants.

Cinq mois se sont déjà écoulés depuis notre départ, on a récupéré quelques personnes et animaux : quelques ados écolos qui aident les autres, de pauvres enfants de généralement moins de 3 ans. La Terre m’avait tout expliqué : des ados écolos qui aident les autres, comme nous, des enfants qui n’ont pas pu participer à la pollution et enfin des animaux qui n’y sont pour rien. On a bientôt parcouru toutes les grandes villes du monde. Après dix ans de marche, on va enfin pouvoir s’installer !

On a créé notre petit village, il y a un mois à peine. Ici les animaux sont en liberté, bien, et tout est mis en œuvre pour que la Terre soit satisfaite de nous, heureuse, et qu’elle ne soit plus jamais en colère.

Anaël Chancel, Marie Hebert

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