Classe Écritures : Elsa Escaffre : Chroniques d'objets

Le gant

Le gant est fait d’une matière assez acariâtre, rêche ou douce. Cela dépend de sa matière : laine, soie, ou plastique.
Le gant peut être rouge, arc-en-ciel, rose fuchsia, il n’a pas de couleur propre (s’il a une couleur). Sa forme est souvent la même, sauf pour les personnes possédant un nombre inférieur ou supérieur à cinq doigts, ou bien pour les mitaines, les moufles et les gants de boxe.
Le gant est un être inerte et immobile, jusqu’à ce qu’il soit enfilé. Il est soudain animé, et commence alors une danse endiablée avec la main. Pour les gants stériles, cela tient plutôt du collé-serré sous les néons de l’hôpital que d’une simple danse. Avec les gants de jardinage, une valse champêtre assez rustique s’organise. On enfile nos moufles et une danse de salon s’improvise, dans une atmosphère calfeutrée. Quant aux gants de soie, ce sont de véritables danseurs étoile, dignes du Lac des Cygnes! Enfin, pour les gants antidérapants, on peut faire de la danse dans les deux sens: « du Hip-hop car on fait de la danse sur les mains », et une danse estivale aérée entre la main et le gant.
Le gant a d’autres qualités que la danse, comme la protection. Dans tous ces cas, le gant est un garde du corps, protégeant de la morsure du froid, des herbes piquantes qui déchirent la peau, du produit vaisselle cherchant à l'empoisonner, ou bien même de la honte, si la main est pustuleuse, affublée d’horribles verrues.
Voilà, je crois avoir bien décrit cet objet. Maintenant, imaginez le contraire, et vous aurez l’élément principal de ma nouvelle.

Paul Menou Houitte