Classe Écritures : Elsa Escaffre : Chroniques d'objets

La M16

Seule, accrochée sur un grand mur blanc, dans le sous-sol de la maison vide et silencieuse, elle attend son propriétaire. Lorsqu'il s'en saisit, elle incarne le danger imminent et alors tout devient possible.
À sa vue, tous les civils ont peur car elle n'est pas le jouet des enfants mais l'outil des militaires. Elle est
là, bien graissée, réglée au millimètre près, prête à l'emploi. Elle trône sur la place du village et tous les regards effrayés convergent vers elle.
Elle tire à de multiples reprises et tue tous ceux qu'elle touche avec ses balles de chrome. Dans son bel habit noir et élégant, on ne se douterait pas qu'elle est l'auteure de ce massacre. Après les tirs, elle est chaude comme un radiateur en plein hiver mais, quand elle n'est pas utilisée, elle refroidit, elle meurt en attendant de ressusciter.
Si nous ne l'entendons pas tirer, c'est qu’un silencieux est à l’œuvre. Pourtant, elle cause les mêmes dommages. Elle emporte avec elle des morceaux de chair et d'os, broyant tout ce qu'elle rencontre sur son passage, broyant des vies entières, des espoirs et des rêves qui ne se réaliseront jamais.

Elle passe, elle tue...
Elle détruit tout au milieu des cris et des hurlements des villageois.
C'est de la haute technologie mais aussi de la magie !
Elle possède à elle seule tous les records de vitesse avec 900 coups par minute. Usain Bolt n'a qu'à bien se tenir.
La M16 vibre et elle coupe le son, elle emporte avec elle la joie et l'innocence de la foule.
La M16 passe et elle crée la guerre.
La M16 passe et elle stoppe tout.

Sacha Zych-Minkine