Classe Écritures : Johary Ravaloson

Espoir et désespoir

Eli, qui rentrait de l’université, était un jeune homme âgé de 19 ans. Il était vêtu de l’uniforme de son université. C’était une veste grisâtre avec, au niveau de sa poitrine, l’emblème de son école qui était l’une des plus prestigieuses en terme de musique. Il avait aussi un pantalon noir. Il avait les cheveux semblables au pelage d’un renard : roux. Ses yeux avaient la même couleur que les arbres, verts.
Il habitait à Londres dans un petit appartement de trois pièces qui se situait dans un quartier pauvre. Il était venu à Londres pour étudier la musique. Eli était un grand fan de musique et avait participé à de nombreux concours de piano mais n’en avait gagné aucun. Il finissait souvent à la deuxième ou troisième place. Le seul concours qu’il avait gagné s’était déroulé il y a peu. Ils n’étaient pas très nombreux, une petite dizaine. Avant de partir à Londres, Eli habitait en France avec ses parents et son frère qui avait deux ans de moins que lui. Il fêterait ses dix-sept ans dans deux jours. Eli avait économisé longuement pour parvenir à payer l’avion. Lui et sa famille vivaient dans un petit village d’à peine trois cents personnes où tout le monde se connaissait ou presque.
Le jeune homme était accompagné de son ami, Adrien. Ils marchaient tranquillement quand un homme d’une quarantaine d’années leur parla d’une voix grave. L’homme avait une grande veste déchirée sur les bords.

Eli ouvrit lentement les yeux sans se souvenir de rien, juste son nom : Eli Goireau. Mais il n’eut pas le temps de se lever qu’il sentit une forte douleur au niveau du crâne, juste au dessus de son œil droit. Il se frotta alors à l’endroit où il avait mal : le crâne. Il regarda alors sa main et vit avec terreur qu’elle était recouverte de sang.
Il se leva lentement et manqua de trébucher. Il essaya en même temps de se souvenir comment il avait fait pour se trouver dans cette petite ruelle sombre remplie de poubelles. Il se posa alors tout un tas de questions comme : « Je suis où ?», « Qu’est-ce qui s’est passé ?» Puis il regarda plus en détail l’endroit où il s’était réveillé.
C’était une petite ruelle toute sombre qui laissait à peine passer la lumière, elle était remplie de poubelles et de sacs poubelles. D’ailleurs il s’était levé, allongé dans une grande poubelle et avait un peu mal au dos à cause de la position inconfortable dans laquelle il s’était réveillé.

Le soleil commençait à se lever et il commençait à y voir plus clair, il distingua un chien errant, seul, fouillant dans les poubelles. Ce chien était roux, un peu comme ses cheveux. Eli qui avait toujours voulu caresser un renard s’avança lentement vers lui mais celui-ci s’enfuit rapidement.
Eli, un peu déçu, se dirigea tant bien que mal vers la sortie de cette ruelle. Au bout de quelques secondes de marche il vit, en face, un petit magasin mais il n’était pas encore ouvert. Eli traversa la route qui séparait le magasin de la ruelle. Sur l’affiche qui était collée sur la porte du magasin il y avait écrit :
« Ouvert spécialement pour ce dimanche 19 Janvier ! Heure d’ouverture : 7 heures à 12 heures, 14 heures à 20 heures. »
D’après cette affiche, on était le dimanche 19 janvier et il n’était pas encore sept heures. Il devait être à peu près six heures. Eli vit une personne passer, elle traversa la route et se dirigea vers le magasin avant de s’asseoir sur un banc à côté du magasin. C’était sa chance ! Il pourrait lui poser toutes les questions qu’il voulait :
— Euh bonjour, quelle heure est-il ?
Le passant regarda sa montre avant de lui répondre poliment :
— Il est six heures cinquante-sept.

Eli le remercia avant de s’en aller visiter un peu le quartier. C’était un petit quartier, il y avait quelques habitations et une boulangerie. La boulangerie, elle, était déjà ouverte depuis 6 heures du matin à en croire le panneau qui était juste en face.
Eli se promena pendant quelques heures. À son retour, le magasin était ouvert et le passant qui lui avait gentiment donné l’heure était sans doute déjà parti. Et Eli mourrait de faim. Il vit alors un regroupement de personnes avec deux voitures de police.
Il s’approcha donc, un peu paniqué, en demandant aux passants ce qu’il s’était passé et tous lui répondirent :
— Un homme s’est fait assassiner avec un couteau dans le ventre.
Eli les bouscula pour arriver en face du lieu du crime mais ce qu’il vit, c’était juste une barrière avec une maison derrière. Il sauta par dessus la barrière et rentra dans la maison qui n’était pas fermée à clé. Ce qu’il espérait, c’était résoudre cette affaire et se faire récompenser par les proches de la victime mais ce qu’il vit le terrifia.
Il vit le passant qui lui avait donné l’heure avec un couteau planté dans le ventre. Par chance les policiers n’étaient pas là et il put donc mener sa propre enquête. Il nota les éléments qu’il avait trouvés sur un bout de papier qu’il avait déniché dans la maison.

La première chose qu’il avait remarquée, c’était qu’il faisait affreusement chaud. En regardant près du cadavre, il vit que le sol était humide, ce n’était pas du sang mais plus de l’eau. Une échelle qui était tombée se trouvait là. Il y avait aussi un pot de peinture bleue qui était renversé au sol. Et le cadavre tenait un pinceau de la même couleur que le pot de peinture. Soudain, trois inconnus arrivèrent dans la pièce. Deux semblaient être des policiers et une femme les suivait. Les trois personnes s’assirent sur le canapé avant de commencer à interroger le suspect.
D’après ce qu’Eli avait compris la personne ici présente était le principal suspect, c’était elle qui avait découvert le cadavre en premier. Et cette personne semblait très suspecte. Elle prétendait l’avoir trouvé allongé au sol avec un couteau dans le ventre et s’être mise à crier. Mais une chose n’allait pas : comment avait-elle pu voir ça sans être rentrée dans la maison ? La porte aurait bien pu être ouverte mais ce serait étonnant car le cadavre se situait à l’étage et de ce fait, même si la porte était ouverte, elle n’aurait pas pu le voir. Et ça, les policiers ne semblaient pas l’avoir remarqué. En écoutant un peu plus longtemps, la suspecte expliqua être l’amie de la victime. Mais quelque chose semblait faux, elle ne semblait pas triste. Une pièce manquait au puzzle : comment avait-elle fait pour le tuer ? Il était face au mur et sur un escabeau donc elle n’aurait pas pu lui planter dans le ventre. Eli savait qu’il était face au mur grâce à plusieurs éléments : il y avait un gros trait de peinture sur le haut du mur donc il était en train de peindre le mur.
— Si on en croit l’échelle, il serait tombé et se serait planté le couteau dans le ventre mais ce n’est pas possible pour une raison :le couteau n’aurait pas pu tenir debout tout seul et donc il n’aurait pas été possible qu’il se plante dans le corps.
Et le cadavre était allongé sur le dos et le couteau était planté dans le ventre. Il aurait fallu qu’une personne déplace le cadavre mais… Pour quoi faire ? Sûrement pour voir s’il était vraiment mort.
— Le meurtrier est bien cette personne !
Les policiers se tournèrent étonnés vers Eli qui venait de sortir du placard, avant de reprendre leurs esprits et de lui dire d’un ton sévère :
— Explique-toi !
Eli leur expliqua donc calmement son raisonnement :
— C’est simple, cette personne l’a tué. Elle a mis un couteau dans un bloc de glace pour le faire tenir avant de le poser derrière la victime puis elle a fait tomber la victime en secouant son escabeau.
— Oui, mais dans ce cas, le couteau aurait été planté dans le dos et comment pourrais-tu savoir qu’il y avait un bloc de glace ! répliqua fièrement le coupable.
— J’y viens, j’y viens, continua Eli. Pour le bloc de glace, c’est simple, le sol était humide près du cadavre, de plus le chauffage était anormalement élevé. Et pour le couteau dans le ventre c’est très simple, sous la panique la pauvre victime s’est retournée pour essayer de se rattraper mais… Il y avait le couteau en dessous…
Il y eut un moment de silence et le coupable semblait paniqué.
— Mais..Mais le cadavre aurait dû être allongé sur le ventre et pas sur le dos…
— Une personne a tourné le cadavre pour voir s’il respirait encore, répondit Eli fièrement.
— Mais comment pouvez-vous savoir que c’est moi ? lança le coupable sous la panique.
— Les passants m’ont dit que vous étiez rentré dans sa maison, comme chaque dimanche, une heure plus tôt, pour l’aider à faire le ménage.
Étonnés, les policiers regardèrent Eli avant de se tourner vers le coupable et de lui demander si c’était vrai et il avoua. Sur ces derniers mots les policiers partirent avec le coupable.
Eli se fit récompenser. Quelques heures plus tard, il reçut une cinquantaine d’euros de la part de la famille de la victime. Après tout cela, Eli rentra dans la ruelle où il s’était réveillé avant de remarquer le même chien errant qu’avant mais cette fois-ci il n’était pas seul, il était accompagné d’un homme puant le tabac et l’alcool qui ne semblait pas lui vouloir que du bien. Il le frappait même ! et ça, Eli ne le supportait pas. Frapper un pauvre animal qui a déjà du mal à se nourrir ! Eli appela donc l’homme et, celui-ce se retourna aussitôt, regarda Eli avant de lui répondre d’un ton énervé :
— Quoi ?
Eli aperçut le visage de l’homme, il avait des cheveux blonds jusqu’au cou. Quant au chien, lui, il tenait un sandwich dans la gueule, c’était sûrement le sandwich de l’homme. Eli, qui n’était pas aussi grand que l’homme, essaya simplement de le convaincre de partir et cela fonctionna, l’homme s’en alla, laissant un regard noir à Eli et au chien. Le jeune homme s’approcha du chien et le caressa. Le chien n’avait que la peau sur les os. Eli ne l’avait pas remarqué avant mais son état était alarmant. Et c’est pour cela qu’Eli avait décidé de l’aider à mieux se nourrir. Le chien posa le sandwich tout plein de bave en face d’Eli qui n’avait pas vraiment envie de manger un sandwich plein de bave. Même si l’intention était sans doute bonne, c’était répugnant.
Eli se dirigea vers le magasin qui n’allait pas tarder à fermer ses portes et y acheta un petit coussin pour le chien et deux sandwichs. Il retourna dans sa ruelle et se fit un lit avec ce qu’il pouvait : un sac poubelle en guise d’oreiller et des journaux comme couverture.

Quand Eli se réveilla, il faisait déjà jour. Les gens circulaient, tout était calme et Eli, qui n’avait pas beaucoup d’argent, se décida à mendier. Il se mit à courir vers le magasin, s’assit en face de la porte et dit à tous les passants :
— Si vous voulez passer, il faudra me donner une pièce.
Après une longue journée, Eli était démoralisé, il n’avait réussi à avoir que cinq euros et des poussières mais il avait aussi gagné des bleus à se faire pousser. Il retourna dans la ruelle où l’attendait, assis sur son coussin, le chien qu’il avait recueilli la veille. Puis il se dit qu’il devrait lui trouver un nom mais la seule chose qui lui venait à l’esprit, c’était Abricot et c’est comme ça qu’il l’appela.

Abricot ne semblait pas comprendre ce qu’Eli avait dit mais ça, Eli s’en doutait un peu et il partit se coucher, joyeux d’avoir trouvé un nom pour son chien.
Eli avait continué de mendier avec Abricot près du magasin pendant plusieurs semaines et avait réussi à économiser près de trente euros. C’était assez encourageant pour eux mais Eli était fatigué. Abricot n’avait plus la peau sur les os et commençait à avoir un poids raisonnable. C’était la fin de la journée et Eli en avait marre de mendier mais c’était ce qu’il avait de mieux à faire. Il se coucha, un peu désespéré.
Dans la nuit Eli ouvrit les yeux, il vit un homme qu’il semblait avoir déjà vu mais dans l’ombre de la nuit c’était difficile de distinguer son visage. Pensant que ce n’était qu’un rêve, il se rendormit. Le lendemain matin, en se réveillant, Eli sentit quelque chose de liquide sous lui. En regardant de plus près, il vit que le liquide était rouge et qu’il était en train de sécher. Ne prêtant pas attention à ça, il regarda l’endroit où Abricot avait dormi mais ce qu’il vit n’était qu’une flaque de liquide rougeâtre. Eli était de plus en plus intrigué, il avait sa petite idée sur ce qui s’était passé mais il ne voulait pas y croire, alors il se leva et appela Abricot, une fois, deux fois puis trois fois mais rien. Puis en regardant de plus près il vit une patte qui pendait d’une poubelle. Eli s’approcha en tremblant pour finalement y voir le corps d’Abricot, inerte. Eli ne put s’empêcher de fondre en larmes pendant plusieurs minutes avant de prendre le cadavre en se jurant de partir d’ici le plus vite possible, peu importe les moyens, qu’ils soient légaux ou non. Il rentra dans un immeuble et monta sur le toit, se disant qu’Abricot aurait sûrement voulu voir une belle vue. Mais en s’approchant de la barrière et en tendant Abricot haut dans le vide, il vit trois personnes se battre. Sous la panique, il lança le cadavre du pauvre chien sur les gens qui se battaient.

Après trois longues années en tant que sans domicile, Eli avait changé beaucoup de choses comme sa façon de faire : au lieu de mendier, maintenant, il volait les sacs des personnes pour revendre les magazines et les jouets. Mais sa façon de faire n’était pas la seule chose à avoir changé, lui aussi avait beaucoup changé. Il ne ressemblait plus du tout à ce qu’il était avant. Maintenant ses cheveux n’étaient plus coupés court mais lui tombaient au niveau des épaules, ses cheveux si bien coiffés et roux étaient couverts de poussière, les rendant presque gris à force de traîner dans les poubelles. Son uniforme qu’il portait si fièrement, était tout déchiré et n’était plus gris mais devenu noir de poussière. Il était tombé dans une profonde dépression suite à la mort de son ami mais une chose lui permettait de garder espoir, il s’était souvenu entre temps d’où habitaient ses parents et avait économisé pendant toutes ces années pour retourner y habiter.

Mais, une question trottait dans sa tête, prendre un bateau, ce qui lui rallongerait son temps de marche, ou bien prendre l’avion ?

Moi je sais pas, je dirais peut-être l’avion… Ou le bateau… ça revient sûrement au même non  ? Et toi, t’en pense quoi  ? Monsieur le lecteur. Oh euh, bonjour sinon ! Je m’appelle Louis et je suis l’auteur de cette nouvelle. Tu as fais ton choix  ? Parfait !
S’il prend l’avion, poursuis ta lecture.
S’il prend un bateau, clique sur "voir la fin alternative".

Voir la fin alternative

Eli prit ses affaires et se mit à marcher pendant de longues heures pour finalement atteindre un aéroport. Les personnes présentes se tournaient vers lui pour le dévisager et le fuyaient comme la peste, sûrement à cause de son apparence et de son odeur nauséabonde. Le prochain avion qui partait vers Paris décollerait dans deux heures. Entre-temps Eli alla payer son billet d’avion avant de s’installer dans un fauteuil et de s’endormir. Il fut réveillé par un passager qui le prévint que l’avion allait décoller.

Eli rentra dans l’avion et s’installa à sa place. Pensant que tout était fini, il se relaxa dans les sièges qui étaient si confortables comparés à la rue et s’endormit même.

Il se réveilla et ce qu’il vit n’était pas un rêve, c’était même un cauchemar. Ce qu’il vit, c’était des centaines de personnes mortes ou presque mortes, il y avait le feu, des personnes se faisant écraser par des morceaux d’avion. Lui il était paralysé, bloqué. Il ne pouvait plus bouger, il ne pouvait voir que d’un seul œil. Un morceau d’avion lui avait écrasé toute la partie gauche de son corps. Il finit par fermer les yeux pour ne plus jamais les rouvrir.

Louis Gautier